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RAYON N

Mirabelle TV. mardi 7 février 2017.


Le saviez-vous ? Le nom de Nancy a été associé à une découverte scientifique de portée internationale : le rayon N. Un fait authentique. Que dans le monde de la physique on a retenu comme une des plus belles… erreurs scientifiques de l’histoire ! Évidemment, vu comme ça, ce n’est pas très glorieux. Et la France, comme Nancy, a tôt fait d’oublier l’affaire qui pourtant a eu un grand retentissement en son temps. Nous sommes en 1901, et Röntgen reçoit le prix Nobel pour sa découverte du rayon X. Le gouvernement français s’étrangle de jalousie face à ce succès allemand, et pousse tout le petit monde physicien de l’hexagone à découvrir son propre rayon. Et c’est un certain René Prosper Blondlot qui, le premier, lève le doigt. Lui a découvert le rayon N, ainsi baptisé en l’honneur de Nancy. Un rayon lumineux qui émane d’un objet mis sous contrainte. Eurêka cocorico la nouvelle flatte les ego du coq et se propage dans tout le monde moderne. Seul problème, l’expérience ne réussit qu’à Nancy, et Blondlot est bien seul à voir cette fameuse lumière. « Et il l’affirme encore devant toute une assemblée alors qu’un journaliste scientifique américain avait subtilisé une pièce maîtresse du dispositif de démonstration. Donc c’était impossible. La réputation de l’homme était ruinée. » À Nancy pourtant, une rue, ainsi qu’un parc portent toujours son nom…
Pareil incident offre en soi une belle matière à traiter, si ce n’est au rayon, du moins à grand renfort de bulles. Ce dont ne s’est pas privé Charles Ancé. Savants fous et belle époque
Amateur de bandes dessinées depuis toujours, c’est le 3e album que signe le Nancéien. « En retraité, bien plus qu’en créateur », précise-t-il modestement, en livrant toutefois une amusante fiction autour de cette histoire de rayon sous influence de Tardi, père d’Adèle Blanc-Sec et friand de savants fous. Surtout, Charles en profite pour brosser un portrait de cette époque qu’on qualifia un peu trop vite de « Belle ». « Alors que l’ouvrier y était traité encore quasi en esclave », note l’ancien travailleur social. « Que les enfants étaient mis au travail très jeunes et sans retraite à espérer. » Nancy pourtant vivait une époque excitante autant qu’agitée. Les opinions s’y confrontaient par voie de presse (très) virulente, on faisait souvent le coup de poing sur la place publique (un évêque a même dû en répondre devant les tribunaux). Et la créativité s’y exprimait tous azimuts, incarnée par un certain Émile Gallé. « Un homme qu’au cours de mes recherches, j’ai vraiment redécouvert, en cela qu’il était bien plus qu’un artiste : très engagé socialement, utopiste sans doute, mais parfaitement sincère. Et quand l’affaire Dreyfus a éclaté, il lui a fallu beaucoup de courage pour défendre la cause de l’officier injustement accusé. Surtout à Nancy, exposée à 15 km de la frontière franco-allemande de l’époque. Une ville très fière de son armée. » Et de son physicien surdoué. Il faut croire qu’elle n’était pas toujours inspirée…

Le Rayon N, par Charles Ancé, chez Néréïah Editions ; 19 €
Lysiane GANOUSSE Est Républicain 01/02/2017.





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