Il y a 257 ans exactement, en 1758, cette femme de lettres mourait… en laissant beaucoup de dettes, mais aussi ses œuvres parmi lesquelles deux sont très intéressantes et encore éditées à ce jour, les « Lettres d’une Péruvienne » et la Correspondance avec « Panpan ». | |
Bien avant les militantes du Mouvement de Libération de la Femme, cette Lorraine voulut être libre, indépendante, et mener sa vie comme elle l’entendait. Elle y réussit, mais à quel prix ! Françoise de Graffigny se mit à fréquenter l’élite intellectuelle de son époque. Elle fit la connaissance de Voltaire en 1735. Quelques années plus tard elle partit à Paris et fit étape à Cirey-sur-Blaise. Emilie du Châtelet, qui vivait avec Voltaire, l’accueillit dans son château. Peu de temps après, elle en fut chassée, parce qu’elle avait divulgué à l’extérieur un chant du poème « La Pucelle d’Orléans », que venait d’écrire Voltaire !
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Elle fit figure d’exception. Elle noua des relations avec les écrivains Rousseau, d’Alembert, Marivaux, Crébillon fils… des mondains, tels le prince de Conti et Nivernois, des hauts fonctionnaires, Turgot et Malesherbes, et le célèbre financier philosophe, Helvétius. Françoise de G. se mit à écrire sur la société de son temps, en portant un regard critique et non dénué d’humour. Elle attira l’attention sur la condition féminine, ses malheurs, l’éducation (insuffisante) des jeunes filles, la soumission entretenue par la tradition dans les familles. Réflexions sur les droits de l’être humain… cinquante ans avant la Révolution française. | |
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Montesquieu avait publié en 1721 les « Lettres Persanes ». Ce livre lui donna l’idée d’écrire son roman. Mais elle n’a ni plagié, ni copié, ni imité le style de cet auteur, comme le font, sans scrupules, certains de nos écrivains contemporains ! Les « Lettres d’une Péruvienne » sont une œuvre originale et sa plume est très personnelle. De Paris, elle a entretenu, jusqu’en1758, une correspondance avec ses amis à Nancy et à Lunéville, particulièrement avec François-Antoine Devaux, dit « Panpan », qui vivait à la Cour de Lunéville.
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C’est ainsi qu’elle arrive en France, à Paris, où elle apprend le français. Zilia envoie des messages à Aza. Mais Aza parti en Espagne, oublie sa fiancée … Voilà pour l’intrigue.
Pourquoi ce roman par lettres a-t-il eu tant de succès ? Une Péruvienne à Paris, c’est exotique … En fait, c’est le prétexte à faire un tableau critique de la société française de son temps (ses manières hypocrites, ses injustices et inégalités concernant le sexe féminin) et, en même temps, une description pittoresque des traditions des Incas, en particulier les rites du culte du Soleil.
« Lettres d’une Péruvienne », classiques Flammarion, édition 2005.
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