ADILL
Association de Défense & d'Illustration
de la Littérature en Lorraine

PRIX LITTÉRAIRE VICTOR HUGO 2024

Lors du 16eme salon des auteurs Lorrains qui s'est tenu le dimanche 17 mars 2024 au Centre "Les Ecraignes" à Villers les Nancy , le prix Victor Hugo 2024 a été decerné à Marie-José Gonand Stuck pour son roman "Les silences d'Irene " .
Marie -José Gonand Stuck est née dans les Vosges. Titulaire d’une maîtrise de droit privé, elle a été enseignante en lycée puis formatrice pour adultes. Elle vit à Épinal et passe plusieurs mois par an sur l’Île d’Yeu.
"Les silences d'Irene " dessine le portrait en creux d'une génération de femmes, victimes consentantes, lucides et dans le fond rebelles.

Gaston-Paul Effa, président du jury du prix Victor Hugo, ayant été dans l'impossibilité de venir remettre lui même le prix, nous a fait parvenir le texte ci-dessous pour nous éclairer sur son choix.


Merci de m’avoir choisi pour présider le Prix Victor Hugo qui honore notre région. Ma gratitude est grande car ce choix me tourne vers les livres. Enfant, je ne savais pas lire. Les sœurs du Saint-Esprit qui m’ont élevé en Afrique me lisaient les grands romans que je connaissais par cœur. C’est ainsi que j’ai découvert Madame Bovary, que je voulais épouser à l’âge de sept ans, interloqué lorsque Sœur Marie-France m’a rappelé que je ne pouvais pas épouser Emma car elle s’était donnée la mort. La même religieuse m’a lu Don Quichotte, ce fou qui lisait tous les livres car il savait que les livres transforment ceux qui les lisent.
  En me choisissant, vous n’imaginez pas ma joie. Je renoue avec le plaisir de l’enfance. Les choses n’ont pas été simples. Trois femmes, trois écritures, trois histoires. Elles s’appellent Gonand Stuck, Massy et Genêt. Sans l’ombre d’un doute le Grand Est a de grands talents. Et pourtant il a bien fallu choisir. Elles étaient trois, il n’en restera plus qu’une. « Les silences d’Irène » de Madame Gonand Stuck continueront longtemps de retentir en moi. A travers le portrait d’Irène, l’auteure dresse l’image en creux d’une génération de femmes, avant que ne déferle la vague Me too. Tout, dans ce roman est souvenir. Habité, soulevé, par une véritable folie de la vérité, un véritable raz de souvenirs, comme on parle de raz de marée. Irène est une narratrice à la mémoire inflexible, grouillante, proliférante, qui n’a rien oublié jamais de ce qu’elle a une fois vécu.
L’auteure met en scène un subterfuge classique : une petite fille découvre le journal caché de sa grand-mère après sa mort. C’est alors toutes les générations de femmes qui se déroulent comme une pelote de laine qu’on tire, avec leurs visages singuliers et leurs rapports variables à la famille, à l’homme, à l’enfant… Elles sont femmes au foyer, femme libérée ou femme révoltée. Elles sont femmes. Il y a dans Gonand Stuck, avec le plus précis portrait, une description qui accompagne l’évolution des mœurs, comme une fureur tout ensemble et une timidité adolescentes. Désir et peur de changer, tout un soudain vertige.
Ce roman aux mots si simples et si saints a suscité en moi une inquiétude vive, c’est bien cela le rôle de l’écriture. Madame Gonand Stuck a ouvert un univers de la fascination, une curiosité passionnée, habitée de mots et pourtant comme secrètement retenue. Merci Madame. Irène continuera longtemps de parler à travers ses lecteurs. Et chapeau à Annie Massy pour Le tombeau de Sabinus Cirius et à Aurélie Genêt pour La nouvelle Nancéide.
Gaston-Paul Effa.


Lettre d'information N°18

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